Une vie

Avec Clémentine Célarié • Mise en scène Arnaud Denis

9/03/2023 MARS > 30 AVRIL 2023

Durée : 1h30

Horaires

Jeudi et vendredi 19h ou 21h. Samedi 16h et 21h ou 19h (selon calendrier). Dimanche 16h

Tarifs

Plein Tarif : 34 €  

Chef d’œuvre de la littérature française porté seule en scène par Clémentine Célarié.

« Une vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. »

C’est sur cette phrase que Maupassant achève son premier roman. Il nous raconte l’histoire de Jeanne. Une vie parmi d’autres. Avec toutes les découvertes, les grandes joies, les plaisirs, les désillusions, les souffrances que cela comporte.
Une vie parmi tant d’autres, et toutes les vies en une. Jeanne est à elle seule toutes les femmes. Les saisons de l’existence se suivent, l’amour et la mort se succèdent, et l’éternel recommencement est là, tout près. Les vagues de l’océan viennent laver l’existence de leur ressac purificateur.


« Sensible et émouvante »
L'humanité

« Clémentine Célarié redonne vie à Maupassant »
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« Epoustouflante »
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D'après Guy de Maupassant
Mise en scène Arnaud Denis
Avec Clémentine Célarié

Assistante Bérénice Boccara
Scénographie : Hermann Batz
Création Lumières Denis Koransky
Musique Carl Heibert et Abraham Diallo

"En s’attelant à son premier roman, Une vie, Guy de Maupassant nous éclaire sur l’objectif qu’il s’est fixé ainsi : il veut raconter la vie « d’une femme depuis l’heure ou s’éveille son coeur jusqu’à sa mort. » Comme toute grande oeuvre d’art, d’une idée apparemment simple découle un objet parfait dans toute sa complexité rugueuse. Il aurait pu faire sienne, en la paraphrasant, la phrase de Flaubert à propos de Madame Bovary, et dire simplement « Jeanne, c’est moi », tant Maupassant a laissé transpirer dans cette oeuvre toute la puissance de son génie précoce. Lorsque le lecteur tourne la dernière page du roman sur cette phrase : « La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit », une émotion étrange le saisit, comme s’il avait fait bien plus que lire. Il lui semble avoir vécu deux vies, la sienne et celle de Jeanne.

Lorsque Clémentine Célarié m’a proposé de l’accompagner dans son idée de porter ce roman au théâtre, j’ai dit oui immédiatement. J’ai toujours préféré la langue des grands auteurs au théâtre. Une langue ciselée, exigeante, poignante et raffinée. Un texte dense, qui porte l’interprète et le public vers une rencontre, un firmament où se touchent les sensibilités accordées. Lorsqu’un grand texte s’élance jusqu’en haut du dernier balcon, plus rien ne peut retenir son effet dans la salle. Le verbe s’élève vers les cintres comme une voile gonflée par le vent de la mer. Clémentine Célarié est la comédienne idéale pour se lancer dans une aventure aussi essentielle. Elle possède en elle, à travers sa passion et son exigence, toutes les notes qu’exigent, non seulement le rôle de Jeanne, mais aussi tous les autres, à travers elle. Elle exprime tous les accords d’une telle partition avec cette densité qui lui est propre : l’émotion, la fougue, mais aussi la retenue et la subtilité précise.

Pourquoi porter ce roman au théâtre ? Parce qu’il est, à, sa manière, tout un théâtre. Le théâtre de la vie telle qu’elle se déploie sous nos yeux, avec ses joies et ses découvertes frémissantes, mais aussi par les désillusions tragiques qu’elle nous impose dans son fracas incohérent. Comment porter ce roman au théâtre ? Par un seul en scène, ou la comédienne nous fait vivre le parcours de Jeanne à une voix, pour évoquer à elle seule tous les personnages. Les personnages que raconte Jeanne à travers son ressenti du monde, sa perception si aiguë des instants rares. Peut-on rêver plus beau monologue que celui de Maupassant? La théâtralité est contenue dans le rythme de cette écriture puissante, comme si les mots n’attendaient qu’une chose : se décoller de la page pour résonner dans un théâtre.

Toutefois prenons garde, il ne s’agira pas ici d’un seul en scène avec chaise sur fond noir, ou nous nous contenterions de laisser entendre un instant de pure diction. Non, il s’agirait, comme une sorte de Flashback, d’imaginer Jeanne, perdue au milieu d’un grenier de la mémoire, retracer les évènements de son existence en les rendant vibrants, et comme inventés dans l’instant présent. A ce titre, le travail sur l’adaptation est essentiel, et permet un contact direct avec le public. Il s’agirait d’une réminiscence, ou le passé et le présent s’entremêlent, dans un chaos savamment organisé par les émotions changeantes de l’intrigue. Les personnages évoqués par Jeanne seront présents sur scène, à travers des évocations, des images, des objets qui prennent vie. Il s’agira justement de « vivre » cette Vie proposée par l’auteur, et non pas simplement de la raconter. A ce titre, le décor imaginé par Hermann Batz accompli une fonction essentielle. Il nous raconte, à travers la peinture, cet endroit sacré ou Jeanne se recueille parfois, entre la vie et la mort. Cette falaise de Normandie. 

Ici deux mondes se touchent. Celui du réel et de l’imaginaire. Celui du deuil et de la renaissance. Celui des éternels recommencements qu’inspirent la contemplation de la nature. La mer est à elle seule, avec ses ressacs et son souffle toujours changeant, un personnage du roman. C’est l’âme de Jeanne qui se déploie devant nous. Un effet vidéo viendra compléter le décor au sol, comme pour effleurer la falaise de vagues tantôt calmes ou tonitruantes. Pour parfaire cette image de rêve d’un autre temps, nous ne cèderons pas à une quelconque transposition dans une autre époque qui nous sortirait de la force du roman, bien inscrit dans son temps. Cette facilité douteuse m’a toujours ennuyé, et le rêve n’a pas grand-chose avoir avec la mode. Puisqu’on nous propose un voyage dans le passé, faisons le tel quel, sans s’encombrer de mauvais gout. Enfin, les lumières de Denis Koranski et les ponctuations sonores d’Abraham viendront accompagner la poésie de ce moment de théâtre que nous souhaitons, en toute humilité, poignant et fidèle à l’oeuvre de l’auteur."

Arnaud Denis


Les grands théâtres / Jérôme Foucher